Nombreux sont les écrivains qui confient écrire en écoutant de la musique. Qu’elle soit un soutien rythmique qui permette de faire sonner la langue, inspiration narrative, qui suivrait les lignes d’une mélodie, il est intéressant de penser que l’inspiration soit ciselée par l’écoute.
Partant de ce constat et de cette réflexion, notre projet est d’explorer commentl’acte d’écrire pourrait être induit par la musique. Il s’agit d’inverser le rapport de causalité entre les deux disciplines : la musique et l’écrit. L’usage théâtral amène souvent les musiciens à composer pour un texte : l’inverse est moins courant. Les musiciens dans une pièce de théâtre sont traditionnellement au service de la dramaturgie et contribuent par ce biais à porter le jeu des comédiens.
Cependant, la musique peut contribuer à construire la perspective nécessaire à la situation et aux personnages. Elle se met alors à raconter sa propre histoire, en parallèle des mots. Les notes sont des exhausteurs de sens, elles permettent de raconter ce que les mots ne disent pas, l’histoire souterraine qu’on ne raconte pas, le chant des émotions…
Fort de ces expériences, Pidj (Pierre-Jean Rigal) a imaginé renverser l’ordre établi en composant l’univers musical et sonore en amont de la création du texte : faire que le musicien devienne le déclencheur pour l’auteur, qu’il fournisse la première matière artistique et imaginaire. « Pulsation » est un projet qui entend s’appuyer sur ce qui est naturel chez beaucoup d’auteurs, utiliser la musique pour déclencher l’acte d’écrire, tout en poursuivant ce travail de symbiose qui viserait à raconter des histoires, arriver aux mots en partant des rythmes et des notes. Plusieurs protocoles sont proposés dans cet objectif par le musicien/créateur sonore Pidj, avec la collaboration artistique de Cédric Brossard.
Laetitia Ajanohun
Laetitia est née à Liège en 1978. Formée en Belgique en tant que comédienne, très vite, l’envie, l’urgence d’écrire et de mettre en scène se sont manifestées en elle, tout comme le désir d’arpenter des ailleurs. Elle se met, alors, à élaborer des projets et à jouer dans des créations à Bruxelles, mais aussi dans plusieurs villes européennes et d’Afrique francophone. Elle collabore notamment depuis une dizaine d’années avec le Tarmac des Auteurs de Kinshasa. Elle est cofondatrice de la Compagnie du Risque (Paris-Bordeaux) avec la comédienne Hélène Capelle.
Elle a écrit une vingtaine de textes de théâtre et elle est la première autrice accueillie en résidence à Cahors par [la fabrique francophone].
Historique
En 2013, Pierre-Jean Rigal tourne depuis 4 ans avec son projet solo, musique électronique orientée dancefloor. Le théâtre s’invite dans son parcours par le biais de Cédric Brossard et de la compagnie Acétés, autour de la création de « Arrêt sur
Image » de Gustave Akakpo. S’en suit alors un long compagnonnage avec la compagnie et plusieurs créations : « Habbat Alep » de Gustave Akakpo (2015), « On veut Persée » de la Cie Acétés et Gustave Akakpo (2015), « Bolando roi des gitans » de Gustave Akakpo (2017)
Parallèlement au projet de la compagnie, Dieudonné Niangouna le contacte pour une création performance « Papa Wemba, le singe avait raison » (2015) puis pour la création de « Antoine m’a vendu son destin/Sony chez les chiens » de Sony Labou Tansi et Dieudonné Niangouna au Théâtre National de la Colline (2016). Il continue les collaborations avec Laetitia Ajanohun « Fier d’être fakoly » (musique et création sonore 2017), « On m’a donné du citron, j’en ai fait de la limonade » (régie son et générale 2018), avec la Cie Zora Snake pour la chorégraphie « le départ » (2018), avec Carine Piazzi pour « J’ai remonté le fleuve pour vous » 2019, Hakim Bah pour « A bout de sueurs » (2020), Sedjro Houansou Giovanni pour « Il pleut des humains sur nos pavés » (2021). 2022 s’annonce tout aussi riche de projets avec la sortie du premier Ep du trio Sabani (avec Clément Griffault et Oua-Anou Diarra), la première étape de création de « Traque » de Hakim Bah avec la Cie Acétés et la création de Alice Carré « Brazza –
Ouidah – Saint-Denis ». Tout ce travail autour des écritures francophones vivantes l’a amené grâce aux rencontres avec de nombreux auteurs et metteurs en scène, à aborder sa création musicale comme un outil dramaturgique puissant.
Le chemin
Au mois de novembre 2020, Pierre-Jean Rigal se met à composer une histoire, des paysages sonores. Une création mêlant la musique électronique et la prise de son, avec une intention claire : écrire la bande son d’un spectacle connu de lui seul, dans son propre imaginaire. Nait alors une pièce sonore de 50 minutes nous faisant voyager émotionnellement et physiquement, suivre des personnages encore inexistants mais bien présents dans son esprit. Il se tourne rapidement vers Cédric Brossard pour donner vie à ce projet. Les créations de la compagnie Acétés mettent la musique à une place très particulière et prépondérante.
Parallèlement, la question se pose de trouver l’autrice ou l’auteur qui pourrait comprendre et épouser les enjeux d’un tel processus. Pidj ayant collaboré avec Laetitia Ajanohun, il lui est proposé de relever ce défi : d’une part elle est une véritable mélomane, et d’autre part, que cette aventure poétique et intime trouve un écho particulier dans son l’écriture. Il lui est donc proposé d’écouter cette pièce sonore, en définissant en amont des envies de distribution (une comédienne), puis de laisser libre court à son imaginaire et aux images qu’éveillent en elle l’écoute de la partition musicale. Pas d’histoire racontée, pas de contrainte si ce n’est celle d’écrire les mots en résonnance des
notes.
La déesse-mère n’a pas de visage
Et le corps dit : tout ce qui est dit n’est pas à dire.
Mais aussi personne n’est un corps, et ce que dit le corps n’est entendu de personne
hormis toi
Paul Auster, Disparitions
Accueils en résidences et partenaires pressentis
En cours
La Chartreuse, Centre National des Ecritures du Spectacle – Villeneuve-lez-Avignon
Les Docks – SMAC du Lot – Cahors
Théâtre de Cahors – Cahors
Collectif 12 – Mantes-la-Jolie
Théâtre des Doms – Avignon
Théâtre du Grand Rond – Toulouse